Monsanto : "la pire entreprise du monde"
- Florian
- 18 févr. 2019
- 3 min de lecture
« La pire firme du monde » tels sont les mots employés par Nicolas Hulot ancien ministre de l’écologie pour décrire l’entreprise Monsanto. Ce mastodonte des pesticides et autres semences OGM, est à l’origine d’un scandale planétaire révélé à travers « Les Monsanto papers ».

Monsanto, c’est avant tout une entreprise implantée sur le marché international depuis des décennies à travers ses produits fars comme le Roundup, un puissant herbicide composé à 41 % de glyphosate. Ce principe actif utilisé depuis 1974 est aujourd’hui la molécule la plus utilisée au monde. La firme a aussi développé des semences OGM résistantes à ses produits (pesticides) obligeant ainsi les agriculteurs à acheter ces dernières. Cette pratique très lucrative est d’autant plus efficace qu’elle est renforcée par une stratégie médiatique et scientifique falsifiée. Ces méthodes déloyales ont éclaté au grand jour suite au scandale des « Monsanto papers », déclenchant de vives réactions dans l’opinion public.
Printemps 2017, suite à une procédure judiciaire enclenchée contre Monsanto, la justice américaine révèle des centaines de documents classés secrets jusqu’à présent. Leur contenu révèle au monde entier les agissements de la firme pour influencer les agences de réglementation.
Plus troublant encore, cette affaire révèle que dès les années 80 l’entreprise avait de sérieux doutes sur la dangerosité de leurs produits suite à l’apparition de tumeurs rénales rares sur des souris test. De nombreuses OGN tirent la sonnette d’alarme face à une réglementation insuffisante.
Qu’est ce qu’un écocide? On parle d’écocide pour un acte de destruction important d’un écosystème. En l’occurrence, les conséquences de l’utilisation du glyphosate semble se rapprocher dangereusement de cette caractéristique (affaiblissement des sols, pollution de l’air et de l’eau).
Dernièrement, les universités de Washington et de Californie (Berkeley), ainsi que l'Icahn School of Medicine de New York ont démontré en compilant de nombreuses études parues depuis 2001 qu’une exposition au glyphosate augmenterait de 41% les risques de cancers du sang rares comme le lymphome non hodgkinien. Les témoignages d’agriculteurs atteints sont éloquents et ont tous le même point en commun: ils ont utilisé du glyphosate pour augmenter le rendement de leur culture. La mauvaise information et des publicités mensongères ont empoisonné des régions entières dans le monde entier sans pour autant obtenir réparation de l’entreprise.
En 2O15, le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) a décrété le glyphosate comme « cancérigène probable ». Cette avancée majeure de l’organisation onusienne n’a pas été pour autant un évènement déclencheur pour l’Europe. En effet, la licence du principe actif a été prolongée pour 5 années supplémentaires. Face à l’inaction des institutions, Marie-Monique Robin (journaliste engagée dans la lutte contre Monsanto) a organisé un tribunal fictif (IMT pour International Monsanto Tribunal) à La Haye regroupant des victimes des quatre coins de notre planète (à découvrir dans le documentaire: « Monsanto face à ses Juges »). De plus, l’EFSA (Autorité Européenne de Sécurité des Aliments) a basé ses jugements sur des études scientifiques réalisées par Monsanto mettant en péril la neutralité des décisions. Les négociations s’annoncent compliquées. Monsanto a été racheté par le groupe Bayer (entreprise allemande) au cours de l’été 2018 pour un montant de 54 milliards d’euros. Quel sera alors la position de l’Allemagne sur la réglementation européenne du glyphosate?
Oui, il reste de l’espoir. Depuis 2015, le Sri Lanka a banni de ses cultures le glyphosate. Cette décision radicale fait suite à la propagation d’une maladie rénale qui a décimé la population rurale dépendante de la culture du riz. Cet été, la décision du tribunal de San Francisco a marqué le début d’une nouvelle aire. L’entreprise a été condamnée à verser 289 millions de dollars de dédommagement à un jardinier américain atteint d’un cancer suite à l’utilisation du glyphosate.
En France, la loi Lablé interdit aux communes de l’utiliser depuis janvier 2017 et depuis le 1er janvier 2019 sa vente est interdite aux particuliers. Cependant, les agriculteurs restent très dépendants de cette substance car les alternatives sont encore insuffisantes. Sortir du glyphosate se révèle aussi compliqué que pour le Royaume Unis de quitter l’Europe...
Florian CHEVALIER
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